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Les 40 ans de la salle Albert-Rousseau célébrés en grand

Par Normand Provencher, Le Soleil - Le 40e anniversaire de la salle Albert-Rousseau a été célébré en grand, mardi soir, avec la présence d’une douzaine d’artistes qui ont foulé un jour les planches de la vénérable institution. «C’est sa deuxième maison. Elle, la crise du logement ça ne la touche pas...» a blagué l’animateur de «ce show de malade», Laurent Paquin, en présentant Lise Dion, détentrice du record de 192 spectacles présentés à cet endroit.

 

Au fil des ans, la salle Albert-Rousseau s’est bâti une solide réputation dans le créneau de l’humour, d’où la présence de quelques-uns de ses porte-étendards. Outre Lise Dion (dans un sketch rigolo où elle a fait étalage de sa mauvaise maîtrise de l’anglais), la soirée a vu défiler Alexandre Barrette (pour qui «la mort idéale» serait de survenir sur cette scène ), Michel Barrette (venu jaser de ses problèmes intestinaux lors d’un voyage en motorisé), P.A Méthot (drôle dans sa façon de parler rénovations et de son aversion pour les chihuahuas) et Marianna Mazza (dont les propos sur sa vie sexuelle ont fait reculer les limites de la décence).

Retenu à Montréal pour les répétitions de La petite vie, Marc Messier a exprimé dans une vidéo son attachement pour la salle Albert-Rousseau, où la pièce Broue a été présentée à 232 reprises. Le comédien a mentionné avoir passé beaucoup de temps autour de la table de billard, près des loges. «Si cette table pouvait parler… Elle peut pas le faire et c’est mieux comme ça.»

Très à l’aise dans son rôle de chef aiguilleur de la soirée, Laurent Paquin s’est permis quelques numéros fort appréciés, dont un medley de chansons de rupture de son cru. «Comment oublier ton corps / Ça me pique encore» ou «J’ai cessé d’espérer ton retour / Il faut dire que tu es enterrée dans la cour.

Duo féminin historique

Puisque le théâtre fait aussi partie de la riche tradition de la salle, Guylaine Tremblay est venue réciter un extrait d’Encore une fois si vous le permettez, de Michel Tremblay, «l’un de plus beaux monologues du théâtre québécois». La comédienne s’est glissée dans la peau de la mère du dramaturge, Nana, éblouie par la performance d’Huguette Oligny dans un télé théâtre.

Au rayon de la chanson, les Annie Villeneuve, Luce Dufault et Isabelle Boulay ont charmé l’assistance, les deux dernières particulièrement lors d’un duo inédit sur la reprise de La complainte de la serveuse automate. Il s’agissait de la première fois qu’elles interprétaient ensemble cette pièce de l’opéra rock Starmania, moment fort de leur carrière respective.

Entourés d’une troupe de jeunes danseuses, Véronique Claveau et Brian Audet ont ensuite fait lever le party avec des morceaux de comédies musicales, dont Mamma Mia!Grease et Footloose.

Après presque trois heures, c’est sur les rythmes entraînants du pianiste Christian-Marc Gendron, véritable homme orchestre, que s’est conclue la fête. Aux reprises de succès de Ray Charles, Billy Joel, Robert Charlebois et Elton John a succédé une interprétation chorale, par tous les artistes de la soirée, de Promenade sur Mars, du regretté Gerry Boulet, passé à Albert-Rousseau une seule fois, en 1989.

Saison record

Si la salle Albert-Rousseau fait aujourd’hui courir les foules, ce n’était pas le cas au début. Couru par les producteurs, l’endroit a été «presque systématiquement boudé par le public depuis son ouverture officielle» rapportait Le Soleil en octobre 1982.

Alors que la direction s’attendait à inscrire 60 dates de spectacles, il y en a eu 135. La crise économique du début des années 80, croyait-on, avait pesé lourd dans la désaffection du public.

Un seul spectacle, parmi la douzaine offerte après l’ouverture, soit La chauve-souris de la société lyrique d’Aubigny, avait remporté un franc succès, les autres productions n’ayant attiré en moyenne que 300 personnes. On est bien loin de l’achalandage d’aujourd’hui avec ses quelque 300 spectacles annuels qui attirent en moyenne 1000 spectateurs.

«La saison 2022-23 va être notre meilleure à vie en terme de ventes de billets», soulignait au Soleil, peu de temps avant le spectacle, la directrice de la programmation et des productions, Julie Corriveau.

De grands noms

Au fil des ans, ils ont été nombreux les artistes de renom, d’ici et d’ailleurs, à défiler à Albert-Rousseau, qu’on pense à Francis Cabrel, le premier de tous, Metallica, Jon Anderson , les Rita Mitsouko, Niagara, Shawn Phillips, UZEB, Herbert Léonard, David Copperfield, sans oublier une certaine Céline Dion à ses débuts.

Six millions de spectateurs, 6470 représentations et une pandémie plus tard, la salle Albert-Rousseau — baptisée en l’honneur de l’artiste peintre de Québec, un grand promoteur de la culture — ne montre pas de signes d’essoufflement.

Forte de la fidélité de son public et de cinq Félix de salle de l’année, la direction compte multiplier les initiatives, comme celles liées aux Productions d’Albert. «Nous voulons devenir un joueur important de dans la diffusion et la production de spectacles», termine Julie Corriveau.

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